La défense nationale impose de nouvelles élections

A l'assemblée le chaos semble régner. Sur les franges de l'hémicycle les discussions dégénèrent en hurlement orduriers et les députés s'insultent mutuellement.

A l'extrême droite, des élus campagnards au fort accent réclament la tenue de nouvelles élections.

"La légitimité de votre assemblée et de son gouvernement est caduque. Vous vouliez la paix, nous avons déclaré la guerre ! Les citoyens veulent des élus en relation avec leurs aspirations ! La nation voit comment vous qui avez lâchement abandonné l'Empereur allez l'abandonner de la même manière. Les hommes libres de ce pays demandent et exigent que Monsieur Adolphe Thiers dépose son gouvernement. Qu'après des élections la Régente Eugénie soit rétablie dans ses fonctions afin d'arbitrer la discorde qui règne ici bas et qui permet à ce gouvernement de se maintenir illégitimement après une prise de pouvoir lâche et indue. Seul l'Impératrice au coeur généreux est à même de panser les plaies de la nation assaillie de toute part par ses ennemis. Partout les citoyens se lèvent au souvenir des armées des Bonapartes parties délivrer nos provinces envahies! "

A l'extrême gauche on s'insurge devant cette proposition tout en partageant la même haine pour le gouvernement Thiers.

"C'est inadmissible ! Vos sicaires ont fait tirer sur le peuple ! Les bouchers de paris doivent payer ! Nous, travailleurs de la capitale, voulons tenir immédiatement des élections sur le territoire de la ville. Les campagnes n'ont rien à faire la dedans. Elles sont gouvernés par le clocher et les bourgeois, ces mêmes gros tas qui ont laissé les Prussiens massacrer nos femmes et nos enfants. Seul le peuple de Paris a légitimité à élire un gouvernement qui sera chargé de sa propre défense. "

Pèle-mêle on entend les discours de ce type s'enchaîner sans que le président de l'assemblée ne parvienne à maîtriser les élus qui semblent tellement excités par les événements qu'ils ne pensent même pas à aborder le problème du siège imminent de la capitale et de la question du départ de l'assemblée pour le sud.

Un élu du midi s'insurge auprès de ses proches provoquant des rires gras.

Non... Non mais quelle cagade là ! Pour qui il se prend l'autre Cicéron du paquis.

Les quelques bonapartistes qui le connaissent se calment tandis que le tumulte général semble légèrement diminuer dans l'attente du discours de l'interrupteur des disputes publiques.

L'assemblée ressemble à cet instant à une classe d'écolier plaisantins et turbulents. Ces hommes d'une cinquantaine d'années se permettent les fantaisie les plus potaches. L'atmosphère de fin de régime motive décidément de bien curieux agissements.

Profitant de la légère accalmie, et ne prenant pas en compte la remarque faite par le député du sud, Gustave entama un court discours, d'une voix assez forte pour inciter les députés turbulents à l'écouter :
Messieurs les députés, pourquoi se disputer aussi violemment ? Pourquoi se comporter comme des barbares ? N'en avons nous pas déjà assez à nos portes pour que nous nous comportions comme eux jusque dans ce lieu ?

Avant toutes choses, je tiens à souligner que nous sommes en temps de guerre, oui, les ennemis sont à quelques lieux de nous, armés, organisés en bataillon, massacrant pillant, en ces circonstances, peut on organiser des élections ? Peut on organiser des élection lorsque tout les hommes servent la patrie sous les drapeaux ? Est ce imaginable ? Soyons raisonnable ! Aucune élection ne peut être organisée avant la fin de la guerre, car toutes nos forces, toute notre énergie doit se concentrer sur celle-ci, nous ne devons plus faire de politique, mais la guerre !

Des solutions que j'ai tout entendu fuser ici, certaines seraient bonnes pour remettre la France en marche, cependant chaque chose en son temps, nous avons un ennemi étranger, à celui ci il ne faut pas rajouter des ennemis intérieurs, gardons nous de la guerre civile ! Faisons couler le sang prussien plutôt que le sang français ! Cependant, le moment venu, nous saurons que faire.... qui rappeler sur le trône impérial.

Néanmoins, il est vrai que notre gouvernement actuel a voulu grandement la paix avec l'ennemi, de tel sorte que lui, par contre, n'a plus aucune légitimité ! Pourquoi nous qui avons voté la guerre laissons un gouvernement résolument irénique ? Peut on laisser en temps de guerre des personnes ayant avant défendu ardemment la paix ? Non, bien sûr que non ! Il est temps de changer de gouvernement, de mettre à la place un gouvernement résolu à bouter les prussiens, un gouvernement dur et sévère, un gouvernement guerrier ! Oui, mettons un gouvernement guerrier ne considérant pas les basses opinions politiques, mais plutôt un gouvernement faisant l'union parmi nous tous, comme elle existe chez nos citoyens, ayant pour seul but de résoudre ce conflit !