Première séance

Attendant toujours le début de la séance, le député commence à s'agacer de la lenteur du commencement des débats. Soudain, le Duc de Rohan se lève et s'exclame, haut et fort

"Messieurs, je vous en prie ! La France est en péril, et que voyons-nous ici, messieurs les Députés, dans l'institution qui est censée la gouverner ? Quelle lenteur, alors qu'il nous faudrait être prompts à la réaction !"

Puis, vers les bancs républicains

"Est-ce cela la République que vous souhaitez nous imposer ? Il y a un moment, messieurs, ou il est impératif de prendre des décisions, et de le faire vite !"

Jules Ferry, opposant actif au Second Empire, député républicain de la 6e circonscription de Paris se lève alors. Considéré comme un des pères fondateurs de l'identité républicaine en France, il n'hésite pas à répondre à cet inconnu :

Voila Messieurs, je crois qu'il n'y a déjà rien à ajouter de plus, nous venons de reprendre le dialogue, la Prusse nous a écrasé durant cette guerre, et voila nos chers monarchistes qui pensent d'abord à garder leur titre de noble en essayant de rétablir un Empire qui a déjà montré ses faiblesses. Napoléon III nous a clairement démontré son incapacité à gérer un pays comme la France, le peuple a compris cela, et la République est de retour! Et vous!! Vous messieurs les monarchistes vous n'avez toujours pas compris cela, et c'est fort dommage, vous perseverez dans votre erreur, et vous devriez l'admettre ...

Il se retourne vers les Républicains et d'une voix audible, il crie :

Léon Gambetta a rétabli la République, le peuple a voulu cette République alors ne reculons pas et montrons le peuple et sa force, la démocratie est de retour, nous avons notre mot à dire, et ce ne sont pas ces monarchistes comme ce freluquet qui vient de nous interpeller qui vont nous faire douter! Vive la République!

C'est alors que l'ensemble des bancs Républicains se lèvent comme un seul homme et applaudissent à tout rompre, un brouhaha s'installe, des "vive la République" tombe du clan Républicain.

Une fois le calme revenu, Thiers chef de l'executif se lève et dans la direction de l'inconnu

Chaque chose en son temps, pour l'heure nous n'avons point le loisir de nous occuper de cela, nous avons une guerre à finir!

Autrement ce n'est que sur nos colonies que la France exercera son gouvernement.

A Thiers

Bien, monsieur, mais permettez-moi auparavant de rétablir quelques vérités. De plus, monsieur, ne théorisez-vous point la séparation des pouvoirs ? Le chef de l'éxecutif n'a rien a ordonner aux représentants du pouvoir législatif, vous en conviendrez : cela dit, vous êtes dans le vrai. Ainsi donc, laissez-moi remettre ce freluquet à sa place, puis nous pourrons débattre de la conduite de la guerre.

Vers Jules Ferry

Monsieur Ferry, il est heureux pour vos amis que le ridicule ne tue pas, car autrement, voila bien longtemps que vous seriez mort !

Vous venez, en quelque minute, et en une seule intervention, de démontrer à toute une assemblée l'étendue de votre inculture politique.

Que nous dites-vous, monsieur le Député ? Que les monarchistes, qui représentent la majorité des Français, veulent rétablir l'Empire ?

Vers les députés monarchistes

Avez-vous entendu, messieurs ? Cet homme nous accuse de vouloir rétablir l'Empire !

Rires

à Jules Ferry

Apprenez, monsieur Ferry, que nous ne voulons point de l'Empire, mais que c'est la cause de la Royauté que nous défendons ! Nous sommes d'accord, monsieur, sur au moins un point : Louis-Napoléon Bonaparte n'a pas été capable de gérer correctement la France.

Cependant, devrais-je vous rappeler quel est le régime qui a permis l'accession au pouvoir de cet homme méprisant qui nous a conduit à la ruine ?

C'est, monsieur, dans le cas du Premier Empire comme dans celui du Second, la République ! L'infâme République, la première, république de la terreur, comme la seconde, qui tirait sur ses prolétaires, ont permis aux Bonapartes, le grand comme le petit, de se rendre maîtres de la France. Et si le premier n'a pas si mal réussi et nous a apporté le code civil, le second s'est avéré n'être pour la nation qu'une catastrophe.

Enfin, monsieur, il me faut vous mettre face à vos contradictions. A celles là même qui entachent l'établissement de ce régime corrompu.

La République, ce n'est pas le peuple qui l'a voulue, c'est Léon Gambetta : ce n'est pas le peuple, c'est Léon Gambetta ! Le peuple, monsieur, a voté. Et le peuple a décidé.

C'est un Roi qu'il veut à sa tête !

Jules Ferry :

Soyons clair monsieur Rohan de Chabot, vous méprenez ouvertement la république française et donc le peuple qui a émis son voeu de retrouver ce système politique là. Arretons les bêtises, préparons nous à couler des jours heureux, chose que les Français n'ont pas eu la chance de connaitre depuis quelques temps grace a nos amis, eux meme amis de Napoléon III. Cet échec cuisant prouve toute la difficulté de la chose, vous ne comprenez donc peut etre pas que la France a besoin de se relever, nous possèdons des colonies, un des plus grands empires, mais nous sommes derriere l'Angleterre, soyons soudés autour de la République et travaillons ensemble pour que la France retrouve son statut de première puissance du monde et j'en suis convaincu la IIIe République le lui permettra!

Jules Ferry, votre allocution est surprenante. Vous nous avez habitué à mieux. Ou est ce brio, ce sens de la logique qu'on a tant vanté de votre part ? Disparu !

Républicain, vous l'êtes ; mais démocrate, il ne me semble pas. Vous méprisez la volonté du peuple. La République a été installée le surlendemain d'une défaite par quelques élus de Paris. L'Assemblée installée ici a été légitimement élue par le peuple Français : le résultat est clair, 58% des députés ici présents sont monarchistes, mêmes s'ils ne parviennent pas à s'accorder sur le nom du roi, ils ont en commun ce souhait d'en voir un autre monter au plus tôt sur le trône !