Lecture d'une lettre

Henri de Francq se leva afin de demander la parole :

-
Monsieur le Président de cette auguste assemblée veuillez excuser mon
comportement, mais je viens de recevoir une lettre de la plus haute
importance et gravité, et je demande la possibilité de la lire.
Veuillez
par avance vouloir bien excuser toutes les considérations et nouvelles
ayant un caractère personnel et familial. Mais cette lettre m'a été
envoyé par un ami, d'où leur présence.
Voici le contenu :

Lettre a écrit:

De Ferdinand Rocher,
A Crépy-en-Valois le 9 janvier 1871,

Pour mon ami Henri de Francq à Bordeaux,

Mon cher ami,

J'espère
que tout se passe bien pour toi à Bordeaux, en tant que député... je
sais que ton devoir t'as retenu en ces lieux et que tu préfèrerais
mille fois être aux côtés des tiens afin de t'assurer toi-même de leur
sécurité. Comme promis, je m'occupe de cette tâche à ta place.
Puisses-tu toi parvenir à faire en sorte que les députés continuent de
voter pour la guerre.
Ici, la vie se fait difficile. Les Prussiens
ont réquisitionné toutes nos récoltes et violé la femme du Boucher
Mortin, ainsi que ses filles de quinze et dix-huit ans. Nous somme
soccupés et chaque jour ils commettent exactions sur exactions... Hier
encore, ils ont tué le fils du boulanger qui avait tenté de
s'interposer entre eux et un vétéran du Second Empire qui ayant un peu
trop bu les avait apostrophé... les deux ont donc été assassinés.
Mais
ces actes odieux ont une conséquence heureuse : les gens les déteste de
plus en plus... ils ne rêvent que d'une seule chose c'est de les
térasser... avant-hier les fils du docteur Chantepois se sont enfuis...
on ne sait où ils sont. Mais l'on soupçonne qu'ils ont rejoint les
corps de la « milice citoyenne ». Cette milice composée de volontaire
d'une centaine de personnes vadrouille entre Compiègne, Soissons et
Crépy-en-Valois. Ils harcèlent les Prussiens sur toutes leurs
positions, leurs flancs, leur ravitaillement... ils les ralentissent à
chaque fois et sont insaisissables. Ils bénéficient de complicité parmi
la population bien heureusement... cette tactique semble bel et bien
marcher et les Allemands ont dépêché un corps de hulans et de dragons
cruels et sans pitié qui tuent tout ce qui bouge. Ceci n'a pour
conséquence que de renforcer la détermination des Français à résister.
Justement,
leur échec est patent. Il y a trois jours (le 6 janvier), la milice a
attaqué un régiment de mille fusiliers prussiens en Forêt de Compiègne.
Le combat n'a duré que dix minutes mais fut une catastrophes pour les
boches... ils ont perdu pas moins de cent hommes et autant de
blessés... et visiblement la milice n'aurait laissé que trois ou quatre
hommes sur le terrain, protégés qu'ils étaient par la végétation et
l'effet de surprise. C'est pourquoi je pense que cette guerre est loin
d'être perdue... en fait elle est même gagnée d'avance si nous prenions
le risque de voir la France toute entière être occupée ! Jamais les
occupations n'ont réussi...

Mais tu dois te demander ce que fait
ta famille dans tout cela et où elle est ? Je ne peux t'en dire trop au
cas où cette lettre est interceptée, mais saches juste qu'elle est en
sécurité... tes enfants et ta femme vont bien, comme ma femme par
ailleur et mes enfants.
Quant à toi, tentes de redonner la raison à
nos représentants, on me les dit très défaitistes... je sais que les
aristocrates y sont majoritaires et qu'ils ont peur pour leur
privilèges et statuts, mais je suis sûr qu'au fond d'eux-mêmes ils
aiment la France et seront prêts à sacrifier un peu de leur confort
pour la survie de la Nation.

Bien amicalement, ton ami.

Leon Gambetta se lève à nouveau après la lecture de la lettre, insurgé il crie :

Mort aux prussiens! J'étais pour la paix, mais je suis surtout en faveur de l'unité francaise et de la solidarité, l'armée prussienne depasse les limites, et j'appelle l'ensemble des républicains, et de tous les politiques français a aider leurs concitoyens. La guerre doit etre poursuivie, mais organisons nous, je vous demande citoyens comment allons nous vaincre l'ennemi? Trouvons des alliés à l'étranger peut etre! L'empire Russe? La Grand Bretagne, je n'en sais rien, cela va etre tres difficile, mais il y a toujours un espoir. Finançons, proposez des lois pour relancer la machine francaise, je vous rappelle tout de meme qu'actuellement, la France ne vit que grace a des traditions, nous avons été élu, et toujours aucune loi ou réforme depuis notre éléction, je ne sais pas vraiment quoi vous dire. L'ensemble des Républicains vont se réunir pour proposer des lois et des réformes, et j'espere que vous aurez le courage de les voter et de comprendre qu'il en est de l'interet de la France.

Il se rassoit et attend des reactions

Gustave Cadert se leva parmi les bonapartistes, et se mit à discourir, appuyant Gambetta, alors, qu'il y a quelques années, il n'aurait pu que s'opposer aux propos de ce Républicain :
Messieurs les députés,
C'est l'âme résolu et empli de la profonde félicité de savoir que sous nos injonctions que la France ne se mettra pas à genoux que je prends la parole devant vous.

Comme l'a soulevé Monsieur Gambetta éclairé par une raison que l'on ne lui connaissait pas ,dit-il assez amérement, nous sommes en temps de guerre contre un ennemi qui peut paraître puissant, mais ne nous fions pas aux apparences !

Jusque là, néanmoins, il est vrai qu'il a remporté quelques batailles, c'est pourquoi, il est important de nous ressaisir ! Qu'allons nous faire ? Que devons nous faire ? Tout d'abord, lever, équiper, et donner à nos forces des généraux audacieux, capables de comprendre, d'anticiper les tactiques de l'ennemi, capable de les renverser, des généraux dont le génie serait égal à celui de Napoléon Bonaparte ! Cette tâche ne sera pas aisé, mais je suis sur que nous y arriverons, je pense que nous prendrons les mesures qui s'imposent dans les prochains jours, cependant, cette séance je tiens plutôt à soulever la question de la diplomatie, comme l'a dit M. Gambetta, il faut trouver des alliés dans cette guerre, et je pense, cette tâche sera plus aisé qu'il n'y paraît, car, quelle nation n'a pas des remontrances à faire contre les prussiens.

Sans pour autant nous prostituer à tous les peuples, envoyons le plus d'envoyé, faisons le plus de propositions.

Premièrement, rentrons en contact avec l'Empire Russe, bien que cette nation puisse paraître reculé par rapport au nôtre, ses terres sont immenses, et il peut lever promptement des légions pléthoriques du jour au lendemain. Avançons devant cet Empire, toutes les relations qu'ont eu nos deux nations. Pierre le Grand n'était pas francophile ? Et Catherine II ? De tout temps nos pays ont été amis, alliés, se sont unis se sont entraidé, alors, pourquoi ne serait ce pas aujourd'hui ? Je suis de plus tout à fait conscient que nous n'obtiendrons pas la mise en branle de la machine guerrière russe par ces quelques arguments, alors pourquoi ne pas proposer l'envoie, après la guerre de moult ingénieurs français, qui seront chargé d'aider la Russie à se moderniser, en traçant de vastes lignes de chemins de fer, établir des usines, creuser des mines ? De surcroît, si nous sommes vaincus par la Prusse, cela posera les fondations d'une puissance prussienne qui ne pourra être ébranler par quoi que ce soit, dans les générations futurs, et l'Empire Russe pourrait il se permettre cela, d'avoir à ses côté une immense puissance ? Cette alliance serait la plus avantageuse, car les troupes ennemies étant à nos portes, elles ne sont pas à l'est, la route reliant Berlin à la Russie est large, bien pavée, mais surtout, vierge de toute troupe.

Ensuite, demandons à l'Archiduc son aide, peut il en effet supporter l'affront de Sadowa ? Peut il supporter que l'Autriche, qui durant des siécles dirigea la politique germanique, puisse ainsi être bannie de ce qui devrait plutôt être sien ? Peut elle supporter cette affront ? Je suis sûr qu'elle trouvera en notre Pays un bien plus grand allié que l'Allemagne, car, nous, au moins, nous n'avons aucune rivalité territoriale avec eux.

Pour finir, essayons toujours les...... Anglais, notre Empereur n'a t-il pas signé d'excellents accord avec eux ? Une amitié ne serait elle pas née de cela ? Alors, pourquoi ainsi nous abandonner ?

Puis, il se rassit, jetant un coup d'oeil rapide en direction du ministre des affaires étrangères pour voir la réaction de celui-ci.

Lambert le Républicain jusqu'auboutiste se leva à la suite du député Cadert :

Mon cher collègue, ce ne sont pas les têtes couronnées d'Europe qui nous sauveront ! Ce sont elles qui nous ont mis dans ce pétrain ! Tous ses Empereurs, ces Rois, ces nobles décadents qui aiment faire couler le sang de leurs peuples pour servir leur Gloire personnelle !

Vous en appelez à votre "Empereur", ce petit-Napoléon alors qu'il nous a conduit droit dans le mur ! Vous ne manquez pas de souffle !

Maintenant que l'assemblée a décidé la poursuite du combat, il est clair que le salut de la France ne viendra plus d'en haut, c'est à dire des nobles, des riches, des généraux, mais d'en bas, c'est à dire du PEUPLE Il marque ce mot.

Oui messieurs le peuple de France, les ouvriers et les paysans, ceux des villes et ceux des champs ! C'est de notre faculté à mobiliser ce petit peuple vers la lutte totale pour repousser l'envahisseur que viendra le salut de notre patrie ! Ils ne manquent pas de courage, ils ne manquent pas d'audace, comme nous le prouve cette lettre !

Je connais le petit peuple, j'en viens, et c'est lui qui m'a élu dans l'est de Paris. Je peux vous dire que si nous leur livrons des armes des munitions de la poudre et des canons, ils se battront avec ardeur et repousseront les Prussiens au delà du Rhin.

De plus des milliers de partisans italiens se joignent à nos forces pour lutter contre les Prussiens. Si nous arrivons à armer toutes ses énergies, ils se chargeront de frapper l'ennemi par petits groupes, de le harceler, de le persécuter, si bien qu'il n'auront d'autres choix que de se retirer. Alors nous pourrons négocier un paix honorable.

Ayez confiance dans le Peuple et dans sa haine des Prussiens, tenons bon avec nos armées régulières et armons des partisans pour harceler l'ennemi. Voilà la voie vers la victoire !

Gustave Cadert répliqua :
Que de haine envers les monarchies mon cher ! Que de haine envers les empereurs ! Que de haine envers la forme de gouvernement qui a formé la France ! Pensez, mon cher, que l'un des grand partisan de la liberté, l'un des vôtre, un dénommé Voltaire, lui, qui dans un horrible siècle rétrograde monarchiste, prônait le despotisme éclairé ! Je vous inviterais donc à reconsidérer le règne des Rois et de nos Empereur.

Je ne nie pas mon cher, que la victoire viendra de nos ouvriers qui vaquent chaque jour à leur labeur, digne des titans, elle viendra aussi des paysans, qui abandonneront leur charrue, pour se dresser contre l'envahisseur. Néanmoins, elle viendra aussi de la classe haute. Votre corps, mon cher, pourrait il se passer mon cher de votre foie, de votre coeur, de votre intestin ? Une société en est de même, la classe sociale élevée et la classe sociale basse ont besoin l'une de l'autre, et une société doit marcher ensemble vers la victoire, non partie par partie.

Je ne nie pas que nous puissions repousser l'ennemi seul, cependant, si jamais nous faisions selon vos désirs, ne penseriez-vous pas que nous ferions couler plus de sang que si nous nous unissions avec des nations étrangères ?

En outre, je suis persuadé que des cendres produites par les ruines fumantes de la Prusse, il naîtra avec les nations nous ayant aidé, une amitié, une fraternité que vous chérissez tant, amis républicains, qui jamais ne ploiera.

Il ne faut pas se leurrer mes chers collègues, aucune nation étrangère ne se joindra à nous pour combattre les Prussiens !

Cette guerre, c'est Napoléon le petit qui l'a voulue, il s'y est lancé seul, et c'est seul que nous devrons nous débrouiller. Il est illusoire de penser que le Royaume-Uni va voler à notre secours ! Ils sont bien trop heureux de voir les deux principales puissances du continent s'entre-déchirer ! Il en est de même pour l'Autriche qui se tient à carreau depuis que la Prusse l'a défaite à Sadowa. Quant à la Russie, elle a trop de haine envers la France depuis la guerre de Crimée dans laquelle s'est impliquée notre "Empereur" gros dédain.

Non messieurs, c'est à la mobilisation de toutes nos forces qu'il oeuvrer. Souvenons-nous de la mobilisation de 1793 où une armée de 300 000 citoyens conscrits a pu tenir en respect toutes les puissances européennes coalisées pour la simple sauvegarde de sa liberté fraichement acquise! Souvenons-nous de 1814 où Napoléon - le grand - acculé à la défaite, la terre de France envahie, avait pu compter sur le soutien infaillible des ouvriers et des paysans pour affronter des ennemis supérieurs en nombre.

Il est temps de se mettre au travail ! Il faut prendre des mesures d'urgence. J'espère, messieurs, que c'est à cela que l'assemblée nationale va s'atteler.

L'assemblée lors de ce léger accorchage entre les deux députés, suiva avec attention les arguments de l'un et de l'autre, puis au fur et a mesure, voyant que la discussion s'éloignait du sujet principal, le président de l'Assemblée tappa du marteau pour attirer l'attention et clama :

Messieurs, messieurs, je vous en prie, comme vient de le dire Monsieur Lambert, mettons nous au travail. Arretons de disserter sur les enjeux de la monarchie et la présence de rois au pouvoir. La n'est pas la question, et je vous prie donc de bien vouloir revenir sur notre sujet.

Jules Ferry embraya sans laisser une seconde de plus, il coupa la parole et ajouta :

La guerre a été votée, maintenant place à l'organisation messieurs. Envoyons des ambassadeurs dans nos pays alliés et arrangeons nous pour prendre à revers la Prusse. Aussi, l'Etat Francais doit organiser la mobilisation et donner des ordres aux généraux.